poèmes anonymes

Ces « poèmes anonymes » ont été réalisés avec des mots et des morceaux de phrases découpés dans le journal Libération de 1986 à 2005.

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À mi-chemin entre la poésie et les arts plastiques, ces textes peuvent être vus soit comme de petits tableaux poétiques, soit comme des poèmes graphiques.
Au départ, il s’agissait de collectionner les mots. Les mots découpés étaient choisis pour leur sens propre, pour la résonance qu’ils entraînaient. Puis ces mots ont été assemblés. Bien que collectés pour certains à des années d’intervalle, ils ont été ainsi juxtaposés pour former des petites histoires, des « paysages mentaux ».
Ces textes parlent de la vie vue de l’envers du décor. Ils racontent en pointillés des histoires décalées, inachevées, parfois drôles, souvent tragiques ou cruelles, histoires qui font écho à des sensations oubliées de l’enfance.
En fait, ces poèmes nous plongent dans l’ « inquiétante étrangeté » au sens freudien du terme. L’inquiétant, c’est ce sentiment qui nous saisit quand surgit dans le quotidien un événement qui génère un malaise ou une angoisse, quelque chose qui introduit une rupture, qui nous place entre le visible et l’invisible, là où tout peut basculer. L’inquiétant recouvre une gamme de phénomènes très large : cela peut-être par exemple croiser plusieurs fois de suite la même personne dans la rue – coïncidence qui sonne comme étrange – ou bien se trouver confronté au « monstrueux ». En termes psychanalytiques, il s’agit du retour dans la réalité d’une pensée refoulée. Et c’est de ça dont nous parlent ces poèmes. Ils évoquent quelque chose qui n’aurait pas dû se montrer, qui aurait dû rester intime. Mais on y trouve également la résurgence d’une crainte ancienne, d’une frayeur d’enfant qu’on avait réussi à oublier mais qui était restée là, cachée, attendant bien sagement que quelque chose (ou quelqu’un ?) lui permette de s’exprimer à nouveau.

  • Je présente les originaux individuellement, exposés sous verre en format 20×30
  • Les poèmes sont également compilés dans un livre auto-édité aux éditions Souris glacée

Article paru dans Libération du 30/03/06

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